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Reportage France - Paroles de soignants

RFI

Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

Location:

Paris, France

Genres:

World News

Networks:

RFI

Description:

Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

Language:

French


Episodes
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En France, enseigner après l'assassinat de Samuel Paty

11/3/2024
Quatre ans après le meurtre du professeur Samuel Paty, le procès des complices présumés du terroriste s’ouvre ce 4 novembre à la cour d’assises spéciale de Paris. Comment continuer à enseigner après le traumatisme ? Comment enseigner la laïcité à l'école en France ? Pour des raisons de sécurité, le nom du collège et du professeur d'histoire interviewé dans ce reportage ne sont pas donnés. Les prénoms des élèves ont été changés. Il y a quelques semaines, un débat sur la laïcité était organisé entre des élèves de 3ᵉ et leur professeur dans un collège parisien dans le cadre d'un cours d'éducation civique. L'éducation civique, c'est la matière qu'enseignait Samuel Paty, enseignant en histoire assassiné vendredi 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures à ses élèves. À lire aussiFrance: le collège du professeur assassiné Samuel Paty prendra son nom Ce débat sur la laïcité est animé. Une fesse posée sur le coin d'une table, le professeur écoute attentivement ses élèves. Émilie ne comprend pas pourquoi on ne peut pas porter de signes religieux en classe. « Je trouve qu'il faudrait limiter les paroles et pas les vêtements, parce que les vêtements, en soi, ça n'influence pas et c'est juste pour pratiquer sa religion », opine l'adolescente. L'enseignant revient sur la question du prosélytisme : « S'il n'y a pas d'intentionnalité, peut-être, marquée d'influencer, l'influence se fera par destination, peut-être, et auquel cas, on briserait le côté neutre de l'école, grâce auquel vous pouvez exercer votre libre arbitre et ne subir aucune influence, quelle qu'elle soit. C'est ça l'esprit de la loi », analyse le professeur. Aminata enlève la main de sa bouche et intervient : « La laïcité, elle dit nous protéger, mais est-ce qu'elle protège les jeunes femmes voilées françaises ? Car à l'entrée du collège, on les force à enlever leur second bout de peau, leur voile. Leur voile, c'est identitaire, ça fait de mal à personne. » À lire aussiFrance: 20 ans après la loi de 2004, les signes religieux à l’école publique toujours dans l'actualité « On devrait pouvoir exprimer notre différence en classe pour qu'il y ait moins de discrimination » Pour Mélanie, la laïcité implique la neutralité, ou presque. « Pour moi, la neutralité, ça ne devrait s'appliquer que dans l'apprentissage, pour qu'on ait tous des bases neutres d'apprentissage, argumente-t-elle. Mais je ne pense pas que les élèves devraient être neutres, parce qu'on est tous différents et qu'on devrait tous pouvoir exprimer notre différence en classe pour qu'il y ait moins de discrimination. » Le professeur rebondit sur l'intervention de l'adolescente : « Bravo, parce que c'est une question qu'on n'avait pas encore évoquée. Évidemment, on l'a fait en cours sur la neutralité des enseignements. Souvenez-vous de ce que je vous ai dit. Par exemple, en sixième, on étudie l'évolution de l'humanité. Tel ou tel commence à dire que ce n'est pas le respect de ses croyances et va quitter le cours... » À lire aussiAssassinat de Samuel Paty: à l'heure du procès, la ville de Conflans-Saint-Honorine se reconstruit Cette remarque relance le débat, une élève répond au professeur : « On est obligés d'écouter ce que vous nous dites, mais on n'est pas obligés d'y croire. Par exemple, que nous, on descende des singes, je n'y crois pas. » Le professeur de conclure à ce propos : « Tu essaies de manifester la différence entre croyance et savoir. Oui, tu peux savoir sans que ça entame tes croyances. Mais pour le savoir scientifique, tu as les moyens de vérifier. » Ces élèves de troisième avaient neuf ou dix ans lorsque Samuel Paty a été assassiné. Cette collégienne revient sur les caricatures de Mahomet que Samuel Paty avait montré pendant un cours sur la liberté d'expression. « Le professeur a essayé d'expliquer que si vous ne voulez pas regarder, c'est votre choix. Il respecte les convictions de tout le monde. Sauf que là, il a été tué pour quelque chose qu'il n'a pas fait. » C'est la fin du...

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Les catacombes de Paris ont droit à une restauration d'ampleur et historique

10/31/2024
C’est l'un des sites les plus touristiques de Paris : près de 600 000 visiteurs descendent chaque année dans la pénombre des catacombes. Ce site historique abrite les os de plusieurs millions de personnes mortes à Paris entre les Xe et XVIIIe siècles. Actuellement, le lieu fait l'objet d'un programme de rénovation historique, car les murs d'ossements sont fragiles et peuvent se dégrader. Car l'os, matière organique, s'abime. C'est un travail minutieux et de grande ampleur qui s’achèvera en 2026. Visite guidée avec, à 20 mètres sous terre, Isabelle Knafou, administratrice des lieux. Pour aller plus loin : Catacombes de Paris

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Zeus, le cheval d'acier des JO 2024 de Paris, «termine sa course au château de Versailles»

10/30/2024
Il a marqué les esprits lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Zeus, le cheval d'acier, est exposé depuis le 1er octobre au Château de Versailles. Comme un clin d'œil aux épreuves équestres qui ont eu lieu dans les jardins du château et à l'exposition Le Cheval en Majesté, qui se tient au même endroit jusqu'à début novembre, Zeus semble à sa place. Et une chose est sûre, il ne passe pas inaperçu. «Zeus» au Château de Versailles À lire aussiJO 2024: revivez l'intégralité de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris

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Au Sial, les entrepreneuses africaines démontrent les avancées de l'agriculture locale de demain

10/29/2024
Le Salon international de l'alimentation (Sial), qui se tient tous les deux ans à Paris, s'est déroulé la semaine dernière au Parc des expositions de Villepinte, au nord de la capitale. Cinq jours pendant lesquels l'ensemble des acteurs du secteur agroalimentaire se sont réunis pour parler business, innovation ou pour réfléchir sur des solutions à apporter à des problématiques du secteur. Sur 3 700 participants, seule une soixantaine de pays africains étaient présents. En Afrique, la grande majorité des emplois agricoles est occupée par des femmes. Et pourtant, elles sont peu nombreuses à participer à des événements comme le Sial. Mais cette année, une tendance se dessine. Malgré de multiples difficultés telles que l'accès aux terres et aux financements, de plus en plus de femmes relèvent le défi de l'entrepreneuriat agricole, un secteur jusque-là réservé aux hommes. C'est une nouvelle génération de femmes africaines engagées et très motivées qui participe pour la première fois au Sial. Née au Congo, Sandrine Vasselin Kabonga a quitté son travail de conseillère financière il y a une dizaine d'années pour fonder Misao Spices, une entreprise de production et de distribution d'épices d'Afrique centrale, et surtout de la République démocratique du Congo : « En RDC, on n'a pas de filière de production des épices professionnelles comme elles peuvent exister à Madagascar, Zanzibar ou en Asie. Donc c'est vraiment de l'agroforesterie. C'est travailler avec les communautés locales, les communautés paysannes, les producteurs. On va cueillir, sécher, faire toute la transformation si je puis dire localement, donc créer de l'emploi autour de ça. Mais on reste sur le marché de niche, donc vraiment sur des produits de qualité. » Les modes de consommation changent... Des produits de qualité, c'est également ce que Lydia Mérouche veut promouvoir dans son pays. Après avoir été avocate pendant plusieurs années, cette Algérienne a fondé en 2016 Fossoul Agricol, une société spécialisée dans la production de fruits et légumes bios de saison : « Ma présence aujourd'hui ici au Sial représente mon engagement dans l'alimentation, l'alimentation en Algérie, l'alimentation en Afrique, et tout simplement l'alimentation durable. Parce qu'on sait aujourd'hui que l'alimentation durable est un enjeu environnemental et un enjeu de santé publique et notre santé en dépend. Et la santé passe aussi par ce qu'il y a dans nos assiettes. Et c'est pour ça qu'en tant qu'avocate, j'ai décidé de ranger ma robe et d'enfiler mes bottes d'agricultrice pour militer pour une agriculture saine et durable en Algérie et en Afrique. » ... pour une recherche de qualité authentique Jessica Allogo est une autre entrepreneure africaine présente au Sial. Cette ancienne ingénieure dans l'industrie pétrolière a créé il y a huit ans les Petits Pots de l'Ogooué, une entreprise de transformation agroalimentaire au Gabon : « C'est vrai que les premières années, c'était difficile... L'accès au marché n'était pas simple. Mais en huit ans, j'ai beaucoup vu le paysage changer, les modes de consommation changer. Le consommateur africain aujourd'hui est vraiment en quête de produits plus authentiques, de produits locaux qui valorisent le patrimoine, et il y a aussi une notion vraiment de solidarité, d'accompagner les entrepreneurs locaux et de participer finalement à l'économie et à faire vivre des transformateurs comme nous et, du coup, d'améliorer les conditions de vie des communautés. » Hommes ou femmes, il y a de la place pour tout le monde dans le secteur agricole. Jean-Luc Luboya Tshichimbi est producteur et exportateur de fruits et légumes à Kinshasa en RDC. « Nos activités, c'est plus dans les produits frais, on a 30 % du marché local sur Kinshasa et on a 70 % sur l'exportation », explique-t-il. Un taux d'exportation qui devrait augmenter, car ce producteur congolais a pu signer de nouveaux contrats lors du Sial. À lire aussiFrance: la difficile transition écologique des...

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Dans les quartiers nord de Marseille, la psychiatrie est en crise

10/28/2024
Les hôpitaux publics de tout le pays sont appelés à faire grève ce mardi 29 octobre. Les débats parlementaires sur le PLF (projet de loi de finances) et le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), vont durer jusqu’en décembre. Dans les hôpitaux, la profession est d’ores et déjà inquiète et appelle à la grève ce mardi 29 octobre. Le personnel de l’hôpital psychiatrique Édouard Toulouse, dans les quartiers nord de Marseille, compte bien se joindre au mouvement. De notre correspondante à Marseille, Sophie Bourlet, À Marseille, le personnel de l’hôpital psychiatrique d’Édouard Toulouse a de bonnes raisons de rejoindre la grève nationale : dans moins d’un mois, 25 lits vont être supprimés. C’est la moitié des 50 actuels, pour plus de 100 000 habitants dans les quartiers nord. Alors que la santé mentale des Français continue de se dégrader, pour les patients, pas facile de trouver un rendez-vous. Julia, 24 ans, vient consulter à l’autre bout de la ville. Elle regrette le manque de psychiatres. « Il n’y a pas de nouveaux psychiatres, il n’y a pas de nouvelles choses qui sont faites malheureusement. Je ne blâme pas les psychiatres parce qu’ils font comme ils peuvent. Mais il y a un manque cruel. » Olivier Boyer, du syndicat FO, fait les comptes : il ne reste aujourd’hui qu’un tiers des lits présents en 1985, quand il a commencé à travailler. Selon lui, la situation n’est pas tenable. « Les refus d’hospitalisation, donc des patients en crise à qui on dit : “Non, on ne peut pas te prendre”, ces patients vont être suivis à domicile, donc ça va être très lourd pour les collègues, s’indigne-t-il. Et à mon avis dangereux, parce qu’il faut quand même avoir en tête que dans les cités des quartiers nord, certains n’y rentrent pas. » À lire aussiSanté mentale dans les quartiers Nord de Marseille: l’accès aux soins devenu impossible « Il y a des patients qui nous sortent des armes » Un risque pour les patients, comme pour les soignants. Kader Benayed, du syndicat majoritaire Sud Santé, rappelle que l’hôpital Édouard Toulouse se trouve dans l’un des territoires les plus pauvres de France, une zone particulièrement sensible. « J’ai vu trois faits divers en deux jours, trois faits divers, insiste-t-il. C’était trois personnes qui étaient connues de nos services. Ils avaient besoin de soins et on a dû à un moment donné les faire sortir pour faire entrer un patient qui était plus en crise. » De plus, selon le syndicaliste, il y a de plus en plus de patients avec le statut de D.398, c’est-à-dire le statut de détenu. « Il y a des patients qui nous sortent des armes, il y a des points de deal à l’intérieur des unités de soins. Quand la famille arrive pour voir les patients et qu’on leur dit non, souvent, les soignants se font menacer. 30 patients pour trois soignants. C’est vrai que quand on est médecin, quand on arrive avec des patients qui sont beaucoup plus compliqués qu’ailleurs en France et qu’on a trois soignants, c’est très compliqué. » À lire aussiPsychiatrie : comment le manque de moyens affecte-t-il la qualité des soins ? Une pénurie de personnel médical Des conditions d’exercice qui n’attirent pas de nouveaux médecins. Ce sont eux qui le disent, ils assurent aujourd’hui le travail qui devrait être celui d’une équipe deux fois plus grande. Le directeur de l’hôpital Thierry Acquier rappelle que c’est justement le départ d’un médecin qui a précipité la fermeture de l’unité. « Moi, si demain je retrouve cinq praticiens hospitaliers en psychiatrie, je rouvre la totalité des lits qui sont fermés, affirme-t-il. Alors la tendance, c’est la fermeture de lits dans les hôpitaux publics, elle existe depuis un certain temps, mais elle est essentiellement liée à la pénurie de personnel médical. Ce n’est peut-être pas satisfaisant, mais je ne crois pas qu’on reviendra à l’âge d’or d’il y a 20 ans. » Alors que le gouvernement s’apprête à réaliser des milliards d’euros d’économies, les syndicats hospitaliers craignent des...

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«Les Histrioniques» met en scène le collectif MeTooThéâtre et les violences sexuelles au théâtre

10/27/2024
Gérard Depardieu, accusé d'agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage Les Volets verts en 2021, est jugé à partir de ce lundi 28 octobre par un tribunal correctionnel. En plus de ces plaintes, l'acteur français fait l'objet de dizaines d'accusations pour agressions sexuelles et viols. Depuis #MeToo, la parole se libère. Cependant, sur les plateaux de tournages ou dans les salles de spectacles, l'omerta continue et les agressions ne sont pas en baisse, selon les militantes féministes. À Évreux, les comédiennes et membres du collectif MeTooThéâtre répètent leur spectacle Les Histrioniques. Sur la scène faiblement éclairée, les comédiennes répètent, texte en main. L’une d’elles, Louise Brzezowska-Dudek, porte un tee-shirt large, sur lequel est dessiné un grand requin blanc, la mâchoire ouverte. La pièce s’appelle Les Histrioniques, un titre (mystérieux) que la jeune femme explique. « Histrioniques, c’est un mot qui est utilisé en psychiatrie et dans les expertises psychiatriques, plus précisément pour stigmatiser les victimes de viols. » Car c’est bien ce que raconte la pièce : le viol d’une comédienne qui se tourne vers les membres du collectif MeTooThéâtre, pour leur demander de lui venir en aide. Le texte résonne dans la salle de répétition : « Elle est partie chercher ses affaires, il l’a rejointe dans les loges, en bas. Sans rien dire, il avait fondu sur elle. » Cette pièce, c’est aussi l’histoire de femmes qui luttent ensemble contre les violences sexistes et sexuelles.« On a décidé d’écrire, de mettre en scène, de jouer toutes ensemble, explique Séphora Haymann, l’une des comédiennes. On joue et on raconte une affaire de violence dans le milieu du théâtre qu’on suit et qui est “une affaire type”. » « On reçoit des témoignages d’il y a trente ans autant que d’il y a deux ans » MeTooThéâtre fête ses trois ans cette année. « Au départ, le MeTooThéâtre, c’était vraiment pour visibiliser des affaires qui, dans le milieu, ne se partageaient pas, note Marie Coquille-Chambel, doctorante en étude théâtrale et l’une des figures du mouvement. Avec Les Histrioniques, elle fait ses premiers pas sur les planches. Elle poursuit : « Et au fur et à mesure, on a commencé à faire de l’accompagnement de victimes, on a prévenu des structures de faits de violences commis par leurs employés, etc. Donc ça a pris une tournure beaucoup plus large que juste la simple visibilisation qu’on voulait faire au début. » Il y a eu le hashtag MeTooThéâtre, de nombreuses révélations, un livre, des mises en examen... mais, selon ces femmes, le combat n’est pas terminé. « Ca ne faiblit pas, on reçoit des témoignages d’il y a trente ans autant que d’il y a deux ans, ou d’il y a deux semaines, observe Marie Coquille-Chambel. On reçoit aussi beaucoup de personnes qui nous écrivent sans savoir vraiment ce qu’elles veulent faire. » Des jeunes générations qui se fédèrent et n’acceptent plus les rapports de violence Séphora Haymann a tout de même de l’espoir : dans les écoles, la jeune génération fait peu à peu bouger les choses : « Les élèves ne sont plus du tout en mesure d’accepter des rapports de violences dans le travail. Ils et elles se fédèrent pour passer des informations sur des profs ou des formateurs qui seraient problématiques, relate la comédienne. Ils et elles se fédèrent en classe pour dire : "Ça on n’accepte pas, ça on est pas d’accord, on ne veut pas bosser avec telle personne". » Désormais, les formations sont obligatoires dans les structures culturelles. Il doit y aussi y avoir des référents. Et partout, des brochures et guides d’informations sur ces violences. « Oui, c’est bien, la formation est essentielle, mais tant que loi n’évolue pas, tant que les condamnations n’évoluent pas, tant que la culture du viol est toujours à l’œuvre, les choses n’avanceront pas », dénonce Séphora Haymann. Les requêtes du collectif sont nombreuses, les militantes demandent entre autres de rappeler aux directeurs des théâtres,...

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Mineurs étrangers placés à l'hôtel et déscolarisés: l'Aide sociale à l'enfance du Nord pointée du doigt

10/24/2024
En France, l'Aide sociale à l'enfance du département du Nord est à nouveau pointée du doigt. À côté de Dunkerque, une soixantaine de mineurs étrangers ont été placés sans accompagnement dans un hôtel désaffecté. Sans école, sans formation, sans activités ludiques pour occuper leur journée, ces jeunes exilés sont livrés à eux-mêmes depuis plusieurs mois alors que cet hébergement devait n'être que provisoire. La Ligue des droits de l'Homme a saisi la Défenseure des droits pour leur venir en aide. De l'extérieur, cet ancien hôtel Formule 1, près de Dunkerque, n'a pas beaucoup changé. Certes, l'enseigne qui surplombait la façade a été démontée et les clients n'y viennent plus. Mais les chambres de ce bâtiment en crépi jaune pâle qu'on aperçoit au bord de la route sont toujours occupées. Sur le rebord des fenêtres, des baskets et des vêtements d'adolescents sèchent au soleil. 60 à 80 jeunes mineurs non accompagnés y sont hébergés. « Je ne vais pas à l'école, je ne fais rien..., témoigne l'un des jeunes via un message WhatsApp envoyé à RFI. Même la nourriture, c'est un problème, les habits, on ne m'en donne pas, on n'est pas bien vêtus, même les chaussures on ne nous en donne pas... On souffre ici. » En France, lorsqu'un jeune exilé est évalué mineur, c'est l'Aide sociale à l'enfance qui prend le relais. Elle est pilotée par les départements et se charge de trouver un logement et de l'inscrire à l'école ou en formation. Mais dans cet ancien hôtel, aucun de ces dispositifs n'a été mis en œuvre. « À chaque fois, ils nous disent qu'ils ne peuvent rien faire tant qu'on n'a pas encore été transférés, qu'on ne peut pas partir à l'école et qu'on ne peut pas s'occuper de nous, témoigne le même jeune, toujours via WhatsApp. Quand on se réveille le matin, on va prendre notre petit-déjeuner à 8 h, dès qu'on a fini de manger, on rentre dans notre chambre, on va se coucher. Nous sommes deux dans la chambre, on ne fait rien ici, on vit très mal ici. » À lire aussiFrance: l'errance des mineurs isolés étrangers cherchant à faire reconnaitre leur minorité Des jeunes qui redoutent de recevoir une OQTF pour leur 18ᵉ anniversaire L'association Coallia, qui est conventionnée pour accompagner ces mineurs, n'a que partiellement répondu aux questions de RFI. Selon elle, il est « difficile de mobiliser les établissements scolaires » puisque les jeunes ne sont censés rester sur ces dispositifs que pour cinq jours maximum. Pourtant, ceux que nous avons contactés sont là depuis au moins quatre mois et ont loupé la rentrée scolaire. À lire aussiComment accélérer la scolarisation des mineurs non accompagnés en France ? « Pour ces mineurs, il y a un enjeu qui est totalement déterminant, affirme Bernard Champagne, co-président de la Ligue des droits de l'Homme à Dunkerque, très préoccupé par cette situation. Quand ils vont avoir 18 ans, l'obtention de leur titre de séjour est aussi tributaire du parcours scolaire éducatif dans lequel ils sont. S'ils n'y sont pas, il y a une argumentation ouverte par la préfecture en disant qu'ils ne sont pas dans un processus d'intégration et d'insertion et donc, qu'ils n'auront pas de titre de séjour. » Il ironise : « En revanche, avec délicatesse, on leur offre une OQTF. » Et c'est cette OQTF, cette obligation de quitter le territoire, que redoutent certains de ces jeunes, coincés à l'hôtel, alors que leur 18ᵉ anniversaire approche à grands pas. Dans ce département, les travailleurs sociaux estiment que 1 000 enfants sont en attente d'un placement convenable. La Défenseure des droits enquête d'ailleurs sur les dysfonctionnements de l'Aide sociale à l'enfance du Nord, depuis 2022. Rendez-vous sur notre site Infomigrants pour suivre l'actualité et découvrir des reportages sur les questions de migrations en Europe.

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En France, l'école inclusive craque face au manque de moyens

10/23/2024
L'école inclusive, c'est plus de 436 000 élèves en situation de handicap accueillis dans les établissements scolaires. Ils sont trois fois plus nombreux qu'il y a 20 ans, mais le dispositif n'est pas à la hauteur. Faute de formation et d'accompagnement, les professeurs se disent démunis et en souffrance devant des classes déjà surchargées. Rencontre avec des enseignants d'une école primaire de Seine-Saint-Denis, en région parisienne. Ils se mobilisent pour dénoncer le manque d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). Au-delà de ce problème particulier, le modèle d'école inclusive manque de moyens. En fonction de l'importance de son handicap, un enfant peut être orienté dans un institut spécialisé, appelé institut médico-éducatif (IME), ou alors au sein de l'établissement scolaire dans une classe particulière dite ULIS, ou bien encore en classe « ordinaire » aidé d'un accompagnant. Seulement voilà, dans cette école primaire comme ailleurs, l'engorgement se répercute en cascade : des enfants en attente d'IME vont en ULIS, et on scolarise en classe ordinaire des élèves qui n'ont pas de place dans les dispositifs faits pour eux, malgré des handicaps parfois très lourds. Ainsi, Margaux, enseignante, accueille dans sa classe de CM2, une petite fille en grande difficulté : « J'ai fait une demi-heure de course poursuite dans l'école avec elle, puisqu'elle s'enfuit de ma classe. Je devais donc laisser ma classe aux soins de ma collègue parce que je ne pouvais pas être au four et au moulin. Ce sont des hurlements, des crises, des enfants qui se font taper aussi dans la classe. J'ai couru dans toute l'école et cela a été difficile de la rattraper. » Impossible donc pour Margaux d'enseigner aux autres élèves... Comme elle, Clémence a une passion pour son métier et de l'énergie à revendre. Mais aujourd'hui, elle se sent démunie : « Cela devient très compliqué, car on va se retrouver avec des enfants de CM2 qui ont, par exemple, travaillé sur la division ou des notions un peu plus complexes à côté d'enfants non-lecteurs, avec lesquels il va falloir apprendre l'alphabet, les sons, la phonologie, explique l'enseignante. On va donc se retrouver avec des doubles, triples, quadruples niveaux, sans aucune formation supplémentaire pour les aider. » Pénurie d'AESH Sur le papier, un élève en situation de handicap devrait être épaulé par un AESH, un professionnel qui lui vient en aide, mais il en manque cruellement. Sarah est la maman d'Anna, atteinte du spectre autistique. En classe, elle est gênée par le bruit. Sa mère s'est battue pour qu'elle soit accompagnée jusqu'à présent : « Actuellement, elle n'a plus d'AESH, elle est complètement perdue. Sans compter que sa maitresse est en "burn-out", car la situation est très tendue. Elle est partie au bout de trois semaines. Actuellement, il y a un remplaçant et aujourd'hui, il est absent. C'est une situation vraiment dramatique. » Émilie est une jeune femme souriante et douce. Comme toutes les AESH, elle est mal considérée et sous-payée. Elle s'occupe des 12 enfants de la classe ULIS de cette école primaire : « Aujourd'hui, on a des enfants qui demandent beaucoup d'attention et il faut qu'ils puissent avancer dans leur scolarité. » L'équipe pédagogique ne rejette pas le principe de l'école inclusive, mais elle déplore le manque de moyens et de formation pour mettre en œuvre cette noble idée. À lire aussiEn France, les élèves en situation de handicap sont plus nombreux, mais pas mieux accompagnés

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Le difficile parcours administratif des femmes migrantes victimes de violences sexuelles

10/22/2024
En France, une femme migrante a 18 fois plus de risques de subir un viol que la population générale. Considérées comme des personnes étrangères avant d'être considérées comme des victimes, elles se battent quotidiennement pour obtenir les protections auxquelles elles ont droit. Des protections difficiles à obtenir rapidement des préfectures. Dans ce parcours du combattant qui se rajoute au traumatisme, l'association La Cimade ouvre chaque vendredi une permanence pour accompagner ces femmes victimes de violences sexuelles. À lire aussiSur la route vers l'Europe, les femmes migrantes sont particulièrement vulnérables

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«Visages d'ancêtres», témoignage inédit sur l'histoire de l'esclavage

10/21/2024
Ce sont des témoignages exceptionnels de l'histoire de l'esclavage. Une cinquantaine de bustes, moulés en 1846 sur d'anciens esclaves, sont regroupés dans l'exposition Visages d'ancêtres. Parmi eux, il y a les aïeux des Lily... Embarqués comme esclaves au Mozambique sur un navire brésilien, ils ont été interceptés par un navire anglais – le Lily – qui les a amenés à l'île Maurice, où l'esclavage était alors aboli. Aujourd'hui, les descendants qui portent le nom de ce bateau viennent découvrir pour la toute première fois les visages de leurs ancêtres. Un reportage au Château royal de Blois, où l'on peut découvrir cette exposition jusqu'au 1ᵉʳ décembre 2024. À lire aussiHoward French: «L’esclavage a été la base de l'essor européen et de la création de l'Occident»

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Marché de l'art: des cartes Pokémon d'exception vendues aux enchères

10/20/2024
On connaissait les collectionneurs d'or, de bijoux ou d'objets d'arts. Il en est d'autres qui collectionnent les cartes Pokémon. Ces petites cartes, que les jeunes s'échangent souvent dans la cour de récré, se vendent parfois très cher sur des sites internet ou même lors de mises aux enchères. À Neuilly-sur-Seine, près de Paris, la maison Aguttes organise une vente qui se termine ce mardi 22 octobre. Parmi les belles pièces, une carte collector de Pikachu, estimée entre 150 000 et 300 000 euros. À lire aussiLe phénomène Pokémon a 25 ans

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À Paris, les touristes redécouvrent Notre-Dame autrement en attendant sa réouverture le 8 décembre

10/17/2024
Depuis l’incendie qui a ravagé la cathédrale le 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris n’est plus accessible au public. Mais plus pour longtemps, puisqu’elle rouvrira ses portes dans un mois et demi, le 8 décembre 2024. Juste après l’incendie, les autorités avaient fait le pari de restaurer la cathédrale en cinq ans. Et pour réussir cet exploit, plusieurs corps de métiers spécialisés dans un artisanat millénaire se sont surpassés pour redonner à Notre-Dame sa splendeur d’avant l’incendie. Des travaux qui ont un peu perturbé la vie du quartier, mais qui ont fait découvrir — ou redécouvrir — la cathédrale sous un nouveau jour. C’est devenu un rituel. Depuis plusieurs mois, Chantal vient s’installer chaque après-midi sur les gradins installés sur le parvis pour contempler la façade de la cathédrale. Riveraine de Notre-Dame de Paris, elle a vu son quartier se transformer pendant les travaux. « Tous les commerces aux alentours ont fermé parce que là, il y a des palissades et derrière Notre-Dame, il y a encore des palissades. Il y avait plein de restaurants là, regrette-t-elle, des restaurants, c’est sympathique. Et tous ces restaurants sont fermés parce que manger devant une palissade, ce n’est pas très agréable. » Si les commerces du quartier ont perdu de la clientèle, l’affluence des touristes n’a pas baissé pour autant. « Nous sommes normalement guides à l’intérieur de la cathédrale et, depuis le 15 avril 2019, nous sommes guides sur le parvis, relate Christine, membre d’une association composée de bénévoles qui font visiter l’intérieur de la cathédrale. C’est-à-dire que maintenant, on ne travaille plus avec des groupes qui réservent à l’avance. Avant, on était dans la cathédrale et on faisait une annonce pour que les gens dans la cathédrale puissent nous joindre s’ils voulaient avoir des explications sur le monument. » Visiter Notre-Dame de Paris différemment Riverain de Notre-Dame, Richard estime que le drame de l’incendie a permis au public de redécouvrir autrement le monument. « Le quartier a été très visité par des touristes, qui sont venus voir notamment les expositions de photos qui racontent un peu l’histoire de Notre-Dame depuis l’incendie », remarque-t-il. Et, selon lui, Notre-Dame et son parvis ont été réinvestis de manière différente : « Et puis il y a eu sur le parvis des célébrations, des temps de prière pour que les gens puissent se réunir, même pendant les Jeux olympiques. Alors ça veut dire qu’il y a de la vie. Et je pense que les gens se sont petit à petit habitués à une autre façon de fréquenter Notre-Dame. De loin, mais d’une façon fidèle, sur le parvis. » Sur le parvis, une exposition de photos montre les corps de métier participant aux travaux. « C’est très intéressant, vraiment. Et c’est très bien expliqué, ce n’est pas trop compliqué et il y a assez d’informations, s’enthousiasme une touriste suédoise. Je sais qu’il y a beaucoup de métiers différents nécessaires à la reconstruction. » Les visiteurs français se réjouissent, eux aussi : « C’est magique, tout simplement, cette capacité de faire travailler ensemble des métiers. Je ne sais pas combien il y en a, une centaine, et les faire travailler comme ça, aussi bien, c’est extraordinaire. » Avant l’incendie, Notre-Dame de Paris accueillait 12 millions de visiteurs par an. Elle devrait en accueillir 15 millions à partir de sa réouverture au public le 8 décembre 2024. À lire aussiFrance: des précieuses révélations dans les fouilles archéologiques de Notre-Dame, dont la possible sépulture du poète Joachim Du Bellay

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En France, les braderies des Jeux olympiques font un carton

10/16/2024
C’était l’une des fiertés de Paris 2024 : organiser des Jeux plus durables. Une ambition qui s’est traduite par l’utilisation d’installations déjà existantes, la réduction des émissions de carbone et diverses initiatives comme la vente d’une partie des équipements et objets créés pour les Jeux. Ces derniers ont été proposés à prix cassés dans de grandes braderies, l’occasion, pour les fans, de repartir avec un souvenir unique. Un reportage de Lou Ecalle. La file d’attente est interminable sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. 2 500 personnes patientent avant l’ouverture de l’une des dernières braderies des Jeux olympiques. Cécile, doudoune en fourrure bleue sur le dos, est bien calée dans sa chaise de camping. C’est la première de la file d’attente et, pour réussir cet exploit, elle a passé la nuit à attendre l’ouverture. Derrière elle, ils sont nombreux à avoir dormi dehors et partagé des thermos de café et des gâteaux. « On a beaucoup parlé cette nuit, se réjouit Cécile, on a passé de très bons moments, comme se remémorer les Jeux et tout ça. C’est vraiment sympa. Même si on a froid, il y a un côté où on est vraiment euphoriques de ça. » Faire vivre la flamme jusqu’au bout Faire vivre la flamme jusqu’au bout, voilà ce que viennent chercher ces passionnés des Jeux. « C’était génial, les Jeux olympiques, les Paralympiques, c’était vraiment extraordinaire, se remémore Cécile, il y avait une ambiance de fou avec tout le monde, à l’international, avec tous les Français, c’était vraiment incroyable. Les athlètes étaient extraordinaires, c’est un souvenir d’une vie. Vraiment, ça nous a tous marqués. » À 11 heures, la braderie ouvre enfin ses portes. Tee-shirts, vestes, serviettes aux couleurs des Jeux olympiques, tous ces objets auront bientôt un nouveau propriétaire. Pour les clients, les achats sont limités à dix articles. Les prix varient — le pins est à 1 euro, la veste des bénévoles à 45 euros, par exemple — et sont fixes. Certains essayent quand même de marchander. À lire aussiLes Jeux olympiques peuvent-ils être (réellement) écolo ? Des acheteurs multirécidivistes Certains produits sont particulièrement demandés, comme les tee-shirts, sacs ou chaussures. Et parmi les acheteurs, il y en a qui multiplient les braderies des JO, comme Alain, qui en est à sa quatrième : « J’ai pris des K-way, j’ai pris des tee-shirts, j’ai pris une montre et aussi des gobelets. J’en ai eu pour 217 euros. » Si quasiment tous les acheteurs ressortent le sourire aux lèvres, d’autres n’ont pas trouvé les produits qu’ils recherchaient. Et à l’extérieur, collés aux barrières, quelques curieux regardent le spectacle. « On est arrivé à 10 heures, la fleur au fusil, ironise ce fan des JO, en se disant que ça passerait et on a appris que des gens étaient là depuis 16 heures la veille. Du coup, on a très vite lâché l’affaire et on profite juste du spectacle, on encourage les gens, c’est incroyable ! La beauté des Jeux dans toute sa splendeur ! » Treize braderies ont déjà eu lieu dans toute la France et plus de 250 000 équipements ont déjà commencé leur seconde vie. À lire aussiL'envers des fripes : pourquoi la seconde main ne fait pas baisser la production de vêtements ?

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Au Mesnil-Amelot, le désarroi des personnes étrangères enfermées

10/15/2024
En France, les personnes étrangères auxquelles l'autorité ne reconnaît pas le droit de séjourner sur le territoire peuvent être enfermées dans des CRA, des Centres de rétention administrative, pour une période maximale de 90 jours, avant un renvoi éventuel vers leur pays d'origine ou vers un pays tiers. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, souhaite allonger cette période à 210 jours. Une mesure qui fait controverse. Toutes les 10 à 15 minutes, un avion décolle en rasant la cour déserte du centre de rétention du Mesnil-Amelot. Les pistes de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle sont à deux pas. Dans la grande majorité des cas, les expulsions du territoire ne sont pas effectives et les associations, nombreuses à dénoncer ces détentions, estiment en outre qu'allonger la période de rétention n'y changerait rien. Au sein du CRA, des personnes en situation de rétention, des retenus, traînent devant les portes ouvertes de leurs cellules. « On galère, il n'y a pas de télé. Toute la journée, on se regarde entre nous. On joue aux cartes de temps en temps... Il y a du bruit pour rien la journée », déplore un petit groupe. Le manque d'activité et l'angoisse de l'expulsion peuvent exacerber les tensions entre les détenus. À lire aussiFrance: le gouvernement annonce une deuxième loi immigration en moins d'un an La députée LFI Gabrielle Cathala effectue une visite surprise du CRA. « Les sanitaires sentent très fort l'urine et il y en a qui sont très sales, déplore-t-elle. En plus, il pleut donc la plupart des locaux sont trempés au sol. » La députée noue le dialogue avec des retenus. Ils expriment leur mal-être. Et le désarroi dans lequel les plonge le fait de ne pas savoir quand ils pourront sortir du centre de rétention. « Quand on te dit qu'on va te renvoyer dans ton pays, ça ne va pas être facile pour toi », témoigne un jeune Guinéen, en France depuis six ans. À écouterLes centres de rétention administrative: «Des lieux pires que la prison» Des allers et retours en CRA En 2023, seul un tiers des retenus du Mesnil-Amelot ont finalement été renvoyés dans leur pays. Comme les deux autres tiers, Mohamad, originaire du Soudan, risque de passer plusieurs semaines enfermés au CRA, puis être remis à la rue. Le jeune homme, sans papiers, ne peut être expulsé vers son pays puisqu'il est en guerre. « J'ai été contrôlé par hasard dans la rue. J'ai été jugé et amené ici. Ils m'ont dit que je devais rester 26 jours, mais après, je ne sais pas s'ils vont prolonger ma rétention ou s'ils vont me laisser sortir », confie Mohamad. À côté de lui, un quinquagénaire, la jambe dans une attelle, alerte l'élue sur sa situation. Depuis quelques années, la vie de cet Ivoirien est une alternance de séjours en rétention et de périodes d'assignation à résidence. En janvier, février et jusqu'à avril, il était déjà retenu. « Je suis sorti le 24 avril. Dès le 25 avril, je devais tous les jours signer au commissariat à 10 h. J'ai signé jusqu'au 5 septembre. Et ils m'ont mis ici. Le préfet a dit que c'est parce qu'il n'avait pas confiance. » L'homme n'est pas expulsé, selon lui, car il n'a pas de documents. D'où ce va-et-vient au CRA. Au bout de 4 heures, la députée met un terme à sa visite avec le sentiment de quitter une machine à enfermer. Une machine enrayée. À écouterÀ Calais, «Mamie Brigitte» recharge les batteries des migrants Ce reportage a été réalisé en suivant la députée LFI, Gabrielle Cathala, lors d'une visite surprise au CRA du Mesnil-Amelot, accompagner un élu étant le seul moyen pour un journaliste d'avoir accès à ce lieu.

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À Calais, La Margelle, une parenthèse de repos pour des migrants «blessés ou rescapées de naufrage»

10/14/2024
Depuis le 1er octobre, près de 2 000 personnes ont réussi à atteindre les côtes anglaises en traversant la Manche sur des embarcations de fortune. Des traversées qui ont aussi coûté la vie à deux hommes, une femme et un bébé rien que pour le mois d’octobre. En attendant des conditions météorologiques favorables, ils sont des centaines à survivre à la rue sur le littoral du Nord-Pas-de-Calais avant le feu-vert des passeurs. Que deviennent ceux qui, après un naufrage, après une blessure, ne peuvent plus tenter la traversée de la Manche ? Que deviennent ceux qui, face à la violence de la frontière finissent par changer d'avis ? C'est pour répondre à ce besoin spécifique que la maison La Margelle a vu le jour à Calais il y a deux ans. Une quinzaine de personne peuvent y être hébergées en attendant que leur situation administrative leur permettent de trouver un logement.

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Assises nationales des étudiants sénégalais en France: la précarité au cœur des discussions

10/13/2024
En France ils sont près de 29 000 Sénégalais à poursuivre leurs études universitaires. En tant qu'étrangers, ils doivent se loger, renouveler leur titre de séjour, financer leurs études quand ils ne sont pas boursiers. Ce sont autant de défis soulevés lors des Assises nationales des associations d'étudiants sénégalais en France (Anasef). Une rencontre inédite, initiée par la Fédération des étudiants et stagiaires sénégalais en France (Fessef) qui regroupe plus de 50 associations sur tout l'Hexagone. À lire aussiLa France, une destination de choix pour les étudiants étrangers selon une étude de Campus France À lire aussiÉtudiants étrangers en France: attention aux comptes séquestres frauduleux

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Accès à la PMA: une attente interminable pour les Françaises issues de la diversité

10/10/2024
L'Agence de Biomédecine termine son premier tour de France pour sensibiliser aux dons de gamètes. Depuis la loi de 2021, qui permet désormais aux femmes célibataires et aux couples de femmes d'avoir accès à la procréation médicalement assistée, le temps d’attente s’est allongé encore plus pour les Françaises issues de la diversité. Car les dons d’ovocytes ou de spermes issus d'afro-descendants ou de personnes aux origines asiatiques sont rares. L'objectif de la campagne nommée « Faites des parents » est donc de mobiliser des Français de toutes origines. Le témoignage de deux femmes dont le projet d'enfant est suspendu en raison de leur couleur de peau. À lire aussiLa PMA pour toutes: un démarrage laborieux face à l’explosion des demandes Pour aller plus loin: La campagne #FaitesDesParents

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Au procès des viols de Mazan, le public soutient Gisèle Pelicot et dénonce la culture du viol

10/9/2024
Le procès des « viols de Mazan », un procès monumental et emblématique de la culture du viol, ouvert le 2 septembre 2024 devant la Cour criminelle de Vaucluse, à Avignon, doit durer jusqu’à la mi-décembre. Des dizaines d'hommes sont jugés pour avoir violé Gisèle Pelicot, droguée et violée par son ex-mari pendant une dizaine d’années, lui aussi sur le banc des accusés. À la demande de la victime, le procès est public, « pour que la honte change de camp ». Au bout de six semaines de procès, la salle ne désemplit pas. Qui sont ces citoyens, surtout des citoyennes, qui viennent assister aux audiences ? De notre correspondante à Avignon, Il est 9h au tribunal d’Avignon, le public s’apprête à entrer en salle de retransmission pour assister aux audiences. Il y a seulement une soixantaine de places et ce sont parfois plus de cent personnes qui attendent. Alors pour être sûres d’entrer, certaines arrivent très tôt, comme Bernadette. Elle habite à Saran, à 25 km d’Avignon, elle est retraitée et se trouve dès 7h devant le tribunal. Une fois installée, elle ne sort pas pour déjeuner entre midi et 2 heures afin de pouvoir assister à la séance de l’après-midi. Sur les six semaines de procès, Bernadette n’en a raté qu’une. Pourtant, elle n’est pas vraiment une habituée des tribunaux. « Le monde de la justice m’est inconnu, confie-t-elle, donc je me suis dit que ça allait me permettre de rentrer un petit peu dans ce monde. Et l’affaire a un retentissement mondial. Donc tout ça est très intéressant. » Si certains sont attirés par le côté sensationnel du procès, Bernadette veut avant tout mieux comprendre les enjeux autour du viol. « J’ai été stupéfaite par l’orientation dès le premier jour des avocats de la défense, déplore-t-elle, il y avait, comment dire... une suspicion de la victime. Et ça, c’est incroyable ! » À lire aussi Violences sexuelles : à travers l’emblématique procès des viols de Mazan, l’espoir d’« un sursaut de la société » « En fait, toutes les femmes savent ce que sont les violences sexuelles, les agressions sexuelles, les viols » Contrairement à des dizaines de personnes tous les soirs, Bernadette n’applaudit pas Gisèle Pelicot pour ne pas empiéter sur le travail de la justice. Anne, elle, a traversé le pays pour le faire et malgré son regard fuyant et ses bras croisés, elle est assez déterminée. Elle est venue spécialement d’Île-de-France pendant trois jours pour encourager la victime, mais pas seulement. « Je voulais aussi donner de l’importance à ce procès parce qu’on espère toutes que ça va faire évoluer la législation en ce qui concerne la définition du consentement et du viol. Beaucoup d’hommes sont dans le déni ou dans la minimisation de ce qu’ils ont fait et ce serait bien qu’ils prennent conscience de leurs actes. » À l’extérieur des murs du tribunal, le collectif Les Amazones d’Avignon scande : « Violeurs, on vous voit, victimes, on vous croit ». « Pour nous, c’est important de mener des actions pour ces femmes, pour toutes les femmes victimes de violences sexuelles », explique Pascale, militante au sein du collectif. Pour elle, sa présence quasi quotidienne est indispensable, car ce procès ne concerne pas seulement Gisèle Pelicot. « L’impression que j’ai pour moi, mais aussi pour toutes les femmes qui font la queue, c’est qu’en fait, toutes les femmes savent ce que sont les violences sexuelles, les agressions sexuelles, les viols », constate-t-elle. Et ce procès est un moyen de visibiliser ces violences. Demain, 7 h, Pascale sera donc de retour dans la queue et applaudira Gisèle Pelicot à son arrivée. À écouter, dans notre podcast original «Bas les pattes!»8/10 Stéréotypes de genre et culture du viol dans les médias – Saison 2

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Combattre le cancer du sein avec humour, le pari de l'association Jeune&Rose

10/8/2024
La campagne Octobre rose permet de sensibiliser au cancer du sein et de faire connaître les initiatives en faveur de la prévention et du dépistage. Cette année, pour la 31ᵉ édition d'Octobre rose, coup de projecteur sur l'association bordelaise Jeune & Rose, dont la devise est qu'il est possible de combattre la maladie avec une dose d'humour. De notre envoyée spéciale à Bordeaux, L’association Jeune & Rose traite du cancer du sein sans tabou et avec humour, elle s’adresse aux jeunes femmes et c’est ainsi qu’elle a créé les ateliers Pouet-Pouet, pour sensibiliser à l’autopalpation mammaire et apprendre aux plus jeunes à s’observer. De jeunes participantes à un atelier s’essaient à la palpation sur les conseils d'animatrices. Sur une table recouverte d’une nappe rose, elles palpent « avec les trois doigts » des bustes en silicone grandeur nature dont les seins comportent des anomalies. Une participante sent une boule dure sous ses doigts, au niveau du mamelon. « Quand les boules sont dures comme un caillou, c’est une tumeur, explique une des animatrices. Ce n’est pas mobile, ça ne bouge pas. Contrairement au kyste : vu que c’est du liquide, ça va bouger, ça va être mobile. » Écoulement anormal du mamelon, grosseur, veines apparentes, autant de signes pour détecter une éventuelle tumeur que Jennifer, une des participantes, ne soupçonnait pas. « J’ai appris pas mal de choses, notamment au niveau de la peau, observe-t-elle. On voit que quand la femme a peut-être un début [de cancer], la peau peut être modifiée, elle peut ressembler à une peau d’orange, il peut y avoir une sorte d’inflammation. Et ça, je ne le savais pas. » Jennifer n’a pas l’habitude de se palper les seins. Pourtant, il faut le faire tous les mois, une semaine après les règles, a-t-elle appris lors de l’atelier. Et elle se le promet : « À partir du mois prochain, je le ferai. » 10 % des cancers du sein sont diagnostiqués chez des femmes de moins de 40 ans Chaque année en France, 10 % des cancers du sein sont diagnostiqués chez des femmes de moins de 40 ans. « On a tendance à se dire cancer, c’est plus quand on est plus âgé. Quand on est jeune, on est plus insouciant », confie Maelys. Elle qui a participé à l’atelier Pouet-Pouet pensait que seules les femmes âgées pouvaient être atteintes de ce type de cancer. Visage doux et regard bleu, Mélanie Courtier est la cofondatrice de l’association Jeune & Rose. Elle a aujourd’hui 40 ans, mais elle a été touchée par la maladie à l’âge de 31 ans, alors qu’elle attendait son deuxième enfant. Lorsqu’on est une jeune femme, les conséquences du cancer du sein sont singulières, explique-t-elle : « Toutes les femmes qui ont un cancer du sein ont le même problème, mais pas les mêmes problématiques au quotidien. On a des jeunes femmes de notre association qui sont étudiantes et qui découvrent qu’elles ont un cancer du sein pendant leurs études, donc ça compromet leurs études, ça compromet le début de leur vie professionnelle. Il y a celles qui sont déjà maman et qui doivent en parler à des enfants en bas âge ou gérer un bébé qui ne fait pas ses nuits, aller en chimio le lendemain, ce genre de choses, énumère-t-elle. Et il y a celles qui n’ont pas encore d’enfant et qui voient leur désir de grossesse, leurs projets parentaux, soit mis entre parenthèses, soit carrément, malheureusement, parfois, balayés par l’arrivée du cancer dans leur vie. » Ce qui est frappant chez les jeunes femmes de l’association Jeune & Rose, c’est leur combativité, leur énergie et leur humour. Elles souhaitent que leur expérience du cancer du sein servent aux autres dans un esprit de sororité. Jeune & Rose a mis en place le réseau d’entraide nommé « Les Tétonnantes », qui réunit anciennes et nouvelles patientes à travers l’organisation de rencontres. Ces rencontres ont lieu physiquement, mais aussi en visioconférences. Elles sont organisées par des ambassadrices en région. L'association a aussi créé un podcast, Les Pipelettes, qui permet de parler «...

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À Marseille, la vie sous-marine revient partiellement sur des récifs artificiels

10/7/2024
Au moins 160 espèces sous-marines sont revenues s’installer dans la calanque de Cortiou, à Marseille, grâce à des récifs artificiels. L’écosystème a été fortement dégradé depuis le 19ᵉ siècle par des rejets polluants. Toutefois, la pertinence d’un tel dispositif fait débat. De notre correspondante à Marseille, Oursins, crustacés, éponges, bryozoaires… et une farandole de poissons ! Au moins 160 espèces sous-marines ont trouvé refuge dans les 36 récifs artificiels immergés de la calanque de Cortiou à Marseille, selon l’Agence de l’eau - Rhône, Méditerranée, Corse. « La vie sous-marine a été très perturbée. On voulait voir si la vie pouvait reprendre, et ces résultats sont très encourageants ! », se félicite Annick Mièvre, directrice régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse de cette agence. Car dès le 19ᵉ siècle, Cortiou sert de déversoir pour les eaux usées de Marseille et l’afflux de rejets polluants perturbe durement l’écosystème de la calanque. En 1987, une station d’épuration est érigée pour traiter les eaux usées avant de les envoyer vers la calanque : moindre mal pour Cortiou. Mais l’amélioration de la qualité de l’eau ne suffit pas à faire revenir les populations marines. « Biomasse ne veut pas dire qualité écologique » Suggéré notamment par le Parc national des calanques, le projet Rexcor est lancé en 2017. « L’idée était de donner un coup de pouce à la vie marine qui n’était pas revenue d’elle-même », explique Annick Mièvre. Quatre « villages à poissons », constitués de plusieurs récifs chacun, sont immergés entre 10 et 25 mètres de profondeur. Le site le plus proche se situe à 200 mètres du point de rejet polluant, deux autres à 700 mètres et le dernier à 1,5 kilomètre. « Cela permet d’étudier le retour de la vie marine en fonction de la proximité avec le point de pollution », explique Sandrine Ruitton, chercheuse à l’Institut méditerranéen d’océanologie. Les récifs doivent durer au moins 30 ans et résister à une houle de 9 mètres. Sept ans plus tard, tous les sites sont colonisés : « On en a déduit que la vie pouvait reprendre, y compris à proximité du rejet », remarque Annick Mièvre de l’Agence de l’eau. Ce qui, selon elle, pourrait donner naissance à d’autres projets de ce type aux abords de lieux ainsi dégradés. « Attention, pondère Sandrine Ruitton, la présence de biomasse [matière organique végétale ou animale, NDLR] ne veut pas dire qualité écologique ! Il y a des espèces qui prolifèrent, qui sont invasives, mais il peut aussi y avoir la présence de gros prédateurs, comme les congres. » La chercheuse plonge chaque saison pour observer le peuplement des récifs et rappelle que « toute structure immergée se colonise automatiquement, parce qu’elle représente un habitat pour les espèces qui y trouveront à manger, même en zone polluée ». Certaines espèces comme les mérous et les labres, plus sensibles, ne sont pas revenues à proximité du rejet polluant. À lire aussi Journée des océans : les coraux n’ont pas dit leur dernier mot Des eaux toujours polluées Certes, les eaux rejetées répondent désormais aux normes environnementales, mais elles restent sales. « En plus, c’est de l’eau douce : on a donc une modification locale de la salinité de l’eau, ce qui entraîne des modifications de l’environnement », analyse Sandrine Ruitton. Pour elle, « on ne peut pas parler de restauration écologique », car il aurait fallu stopper la pression responsable de la dégradation de l’écosystème. Or dans ce cas, « la source de pollution n’est pas stoppée. » Vu l’état toujours dégradé de la zone, la scientifique interroge la pertinence d’une telle expérimentation. D’autant que lors d’épisodes orageux, la station d’épuration sature et ouvre les vannes sans traiter les eaux usées et en laissant parfois passer des macro-déchets. Alors canettes et bouteilles en plastique se retrouvent au fond de Cortiou. À 1,4 million d’euros, la scientifique s’interroge sur la pertinence du projet « qui ne préserve pas l’environnement »...

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